Vous connaissez probablement le foot freestyle, ces athlètes qui jonglent avec un ballon et qui le font tourner dans tous les sens. Mais si vous en voyez un peu partout aujourd’hui sur les évènements et spectacles, c’est en partie grâce à ses deux champions qui ont quasiment tout gagné au cours de leur carrière. Le foot freestyle ne serait certainement pas ce qu’il est aujourd’hui sans ces deux athlètes hors-norme qui se caractérisent par leur persévérance et leur détermination à développer ce nouveau sport urbain spectaculaire.
Interview Mélody vs Andréas
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Interview croisée Andréas Cetkovic / Mélody Donchet
Mélo, tu peux nous présenter Andréas ?
Mélo : Andréas ? Je sais même pas quel âge il a ! 35 ou 36 ans je dirais.
Andréas : Moi-même je sais pas.
Mélo : Alors c’est un champion de foot et de basket freestyle, vainqueur du Juste Debout, un gars super cool, jamais stressé et surtout peace & love, voilà.
Andréas , tu peux nous présenter Mélo ?
Andréas : Alors Mélody, 6 fois championne du monde, une belle force de persévérance et une femme exceptionnelle qui fait énormément de choses pour le foot freestyle. Un femme qui m’impressionne beaucoup pour sa détermination, même aujourd’hui alors qu’elle ne fait plus de compétitions, elle continue de s’entrainer tout le temps. Une inspiration pour moi, car je pense à elle souvent quand je m’entraine. Et en terme perso, c’est devenu une amie depuis très longtemps et quelqu’un que je respecte énormément.
Pouvez-vous nous dire comment vous avez connu le foot freestyle et ce qui vous a motivé à en faire une carrière ?
Mélo : J’ai découvert le freestyle en été 2008 grâce à un DVD qui s’appelle « Komball » que m’avait offert mon beau-père. Au départ, ça ne m’intéressait pas, je n’avais même pas ouvert ce DVD car j’étais footballeuse et je m’entrainais dur pour rentrer dans l’équipe de France. Je voulais entrer en première division féminine mais en 2009, je me suis gravement blessée au genou. J’ai eu trois opérations et c’est pendant ma convalescence que ma mère m’a dit de ranger ma chambre et c’est là que j’ai retrouvé ce fameux DVD. Je l’ai regardé et j’ai commencé à reproduire les figures avec la main, et la tête, car je ne pouvais pas encore utiliser mes jambes. Après, je me suis entrainée dans mon jardin et d’un passe-temps, c’est devenu une passion.
Ensuite j’ai vu que la S3 avec Andréas qui organisaient un concours à Bercy en été 2009, le King of the Street. J’ai pris mon billet de train et je suis venu voir cette compète. C’est là que j’ai eu un déclic et que je me suis dis que je voulais en faire mon métier. J’ai pris mes affaires, je suis arrivée à Paris en tentant ma chance dans le foot freestyle.
Andréas : Moi, ce sport-là, je l’ai vu tout jeune. Je faisais du foot et tout le monde tentait des gestes, ceux qu’on avait vu dans les pubs Nike, Puma ou Adidas de l’époque. Les footballeurs faisaient des choses qu’on ne voyait pas sur un terrain et avec mes copains, on essayait de les reproduire. Je me suis entrainé à refaire tout ce que je voyais dans les pubs, et il se trouve que j’avais des facilités donc j’ai décidé de repousser le truc encore plus loin. J’ai essayé de chercher d’autres gestes, d’en créer même. Ensuite je suis parti à Barcelone comme chaque été et j’ai vu un mec qui jonglait dans la rue pour gagner de l’argent. En mode street show, et comme je m’entrainais aussi à faire des tricks, je suis allé le voir. Peu de temps après, je faisais sa première partie, je lui ramenais les gens et on se faisait de l’argent. C’était une très belle époque, et c’est comme ça que j’ai commencé à faire quelques shows sur scène. C’était en 2002, c’est là que j’ai commencé les street shows.
Peu de temps après, j’ai vu une émission de télé sur Canal + où on voyait des gars faire du freestyle et ils montraient une compétition qui allait être organisée à Rueil Malmaison. J’ai halluciné car les gars mélangeaient le foot, le basket et la danse, comme j’avais vu dans les pubs Nike de l’époque. Je suis allé sur cette compète, on était une quinzaine de gars de chez moi et j’ai gagné quelques battles. J’ai perdu en demi-finale alors que j’avais jamais fait de battle et contre des gens bien plus expérimentés que moi. L’organisateur de la compétition Urban Ball est ensuite venu me voir et m’a demandé d’où je venais et m’a félicité car je faisais des gestes qui mélangeaient le foot et le basket en plus de la danse avec des coupoles et tout le reste. Il m’a invité à un autre évènement à Bercy et comme j’avais que 16 ans, j’ai tout de suite accepté. Plus tard, grâce à lui, je suis parti faire des shows en Allemagne pendant deux mois, et c’est ça qui m’a vraiment lancé. J’ai vu qu’il y avait la possibilité d’en faire un métier donc je me suis donné à fond et finalement, on a pu me voir un peu partout. Voilà.
Un bon foot-freestyler doit forcément être bon en football ou ça n’a rien à voir ?
Mélo : Pas forcément. Perso, j’ai joué au foot pendant 14 ans, mais je ne savais pas du tout jongler. J’ai fait des tests à 16 ans pour entrer dans la ligue féminine, des tests de frappe, de vitesse et de jonglage. J’ai terminé première en frappe et vitesse mais avant-dernière en jonglage ! Je devais enchainer 100 droites-gauches et 50 têtes mais j’ai pas réussi à le faire. Et maintenant je suis freestyleuse donc non, ça n’a rien à voir. Il y a une freestyleuse hongroise qui est plusieurs fois championne du monde et avant ça, elle ne faisait pas du tout de foot, mais du karaté donc tu vois bien que ça n’a rien à voir. Ne mettez pas des freestylers sur un terrain de foot, vous verrez qu’ils n’ont pas le touché d’un joueur de foot.
Un mot sur votre parcours et votre palmarès ?
Mélo : J’ai commencé en janvier 2009, une période où j’étais vraiment en dépression. En échec scolaire car j’étais en BEP de vente, une branche qui ne me correspondait pas car je voulais aller en sport-étude mais ma mère ne voulait pas financer ces études là. Et passer du foot à la vente, que je n’aimais pas du tout, a fait que j’ai commencé à me rebeller à l’école et quand mon genou a lâché, c’était l’hécatombe. J’étais devenue très insolente avec les profs jusqu’à me faire virer du lycée. Et je ne me suis même pas présentée au bac, je l’ai passé deux fois car ma mère voulait absolument que je l’ai. C’était son but mais je lui a fait comprendre que c’était pas pour moi et quand j’ai découvert le freestyle lors de ma convalescence, je lui ai annoncé que je voulais partir à Paris tout l’été. La S3 organisait un concours et je voulait y aller, je voulais essayer de vivre du freestyle. Mais ma mère préférait que je triple ma terminale et que je continue l’école avant, sinon elle me foutait dehors. Et le jour des résultats du bac, je savais que je ne l’aurais pas donc je suis parti à Paris et j’ai eu de la chance car il y avait des fan-zones partout vu que c’était pendant la coupe du monde de 2010. C’est là que j’ai rencontré la S3 et je faisais des street-shows sous la Tour Eiffel et au Trocadéro pour manger. Je n’avais pas assez d’argent pour payer l’hôtel donc j’ai passé quelques nuits à la Gare de Lyon. Je dormais dans le hall 3 et comme ça, j’étais déjà sur place pour m’entrainer. L’après-midi, je repartais faire des street-shows et parfois j’allais aussi dormir chez Wass Freestyle quand il pouvait m’héberger. Mon premier vrai show était avec les S3 sur la scène du Trocadéro devant un monde incroyable et Andréas était déjà là. J’ai fait une vidéo de qualification pour le championnat et comme j’étais la première à faire ça en robe, la vidéo a fait 800 000 vues et pour 2010, c’était énorme. Du coup, j’ai été appelé pour des shows un peu partout en Allemagne et en France. Je suis ensuite remontée dans le nord pour prendre quelques affaires mais quand je suis arrivée chez moi, j’ai juste trouvé quelques cartons et des sacs dans le jardin. Ma mère avait tout mis dehors. J’ai pris ce qu’il me fallait et je suis repartie prendre le train en fraudant, direction Paris où mon beau-père pouvait m’héberger. À partir de là, j’ai vraiment commencé. J’ai fait mes premiers championnats du monde en 2011 en solo et en duo avec Andréas, on est arrivés vice-champion du monde donc je me suis dit qu’avec seulement deux années d’expérience, il y avait vraiment moyen de gagner. Je me suis acharnée à l’entrainement et j’ai gagné mon premier titre en 2013 puis j’ai enchainé les victoires jusqu’en 2020. J’ai maintenant 6 titres de championne du monde, un titre de championne d’Europe et deux Guinness Book des records.
Andréas : J’ai commencé le freestyle à Barcelone puis j’ai enchainé les compétitions et suite à de bonnes rencontres, on a fondé la S3 dans le but de développer le freestyle à fond. On a organisé le premier championnat de France à Royan, qu’on a gagné par équipe et j’ai gagné mon premier championnat de France en solo en 2009. C’était le Red Bull Street Style à Châtelet, et c’était une grande victoire pour moi car ça avait lieu dans un endroit historiquement marqué par la danse hip-hop donc il était important pour moi de gagner à cet endroit là. Ensuite j’ai perdu aux championnats du monde car je ne rentrais pas dans les critères vu que j’étais trop différent des autres. Je me suis dit à ce moment-là que les compétitions n’étaient pas trop pour moi car le freestyle prenait une tournure qui ne me correspondait pas. Je me suis mis dans le milieu artistique et j’ai rencontré des danseurs pour découvrir d’autres choses et m’élever en tant qu’artiste. Apprendre à maitriser l’espace scénique, à speaker et plein d’autres choses. Ensuite il y avait une compétition qui s’appelait « Juste debout » avec des danses expérimentales. J’ai ramené mon ballon et j’ai dansé avec donc j’ai remporté cette compétition qui était la plus grosse que j’ai pu gagner, c’était à Bercy devant beaucoup de monde et un évènement très reconnu. La même année, j’ai gagné le championnat de France de basket freestyle mais la compétition n’est pas ce qui m’a le plus mis en valeur. Je suis très content d’avoir gagné mais c’est vraiment la création de spectacles et de shows qui m’a fait voyager partout dans le monde. C’est ma différence, celle qui a mis la lumière sur moi, le fait de ne pas pas faire de compétitions. Mon palmarès est plus basé sur mes voyages, les rencontres et les gros shows, comme les NRJ Music ou les inaugurations de gros stades par exemple. J’en suis à 67 pays visités là.
Votre meilleur souvenir parmi tous vos trips ? Et votre pire ?
Mélo : Mon meilleur souvenir, c’est quand j’ai gagné au Brésil, mon deuxième titre de championne du monde sur la terre du Football. Mon premier titre chez Red Bull et j’en rêvais. J’avais perdu en finale l’année passée à cause de mon stress et quand Red Bull m’a payé le billet pour aller à Rio, j’ai enfin pu réaliser mon rêve. Et c’est vrai que tous les voyages sont des bons souvenirs vu tous les pays qu’on a traversé en quinze ans de carrière. Mon pire souvenir, c’est quand je suis tombée en plein show à Boulogne sur Mer qui était en ligue 1 à l’époque. À la mi-temps de Boulogne-Marseille, j’étais devant la tribune marseillaise sous la pluie avec 10 cm d’eau et quand j’ai voulu sauter, j’ai glissé et je suis tombée. Toute la tribune s’est mise à faire une ola et s’est foutue de ma gueule. Je suis restée par terre pour faire croire que c’était fait exprès et jouer au sol mais j’étais allongée dans l’eau et il faisait 3° ! Voilà, c’est les risques du métier.
Andréas : Pour moi, le meilleur souvenir est mon voyage en Allemagne, il ne m’est pas arrivé un truc de ouf mais j’ai senti pour la première fois que je pouvais servir à quelque chose. Je faisais une tournée contre la violence et le racisme dans les écoles et prisons. Et j’ai senti que je servais réellement à quelque chose, à donner de l’espoir et leur montrer qu’il y avait autre chose que des choses négatives. Ça m’a marqué car c’est la première fois que j’ai entendu des gars nous dire merci et j’ai ressenti que c’était sincère. Il s’était vraiment passé un truc. J’ai fais ça tous les ans pendant une dizaine d’années et un jour, je suis retourné dans une prison et je vois un gars trop fort en foot freestyle. Ce type s’était entrainé tous les jours depuis qu’il m’avait vu sept ans avant. Et il était devenu trop fort même s’il avait fait une connerie et qu’il finira peut-être sa vie en prison, il a trouvé un objectif, un but dans sa vie. Et j’ai trouvé ça fort, que j’ai pu changer sa vie alors que j’avais que 19 ans à l’époque, ça m’a marqué.
Plus que de jouer avec Zidane ?
Andréas : Ah oui, ça c’est un rêve de gosse mais ça n’a rien à voir avec le fait de comprendre que tu as changé la vie de quelqu’un. J’ai contribué à susciter une vocation, moi qui ne suis personne et aujourd’hui j’ai voyagé partout dans le monde. Pour Zidane, c’est magnifique et ça m’a apporté beaucoup parce que tout le monde me respecte pour ça. Aujourd’hui, on organise le S3 tour pour les jeunes, pour qu’ils donnent le meilleur d’eux-même et on est tous gagnants. Ils voient une star comme Zidane, ils passent un petit moment avec lui, et il leur souhaite bonne chance pour la suite de leur carrière. Donc mon meilleur souvenir est de pouvoir donner la chance à quelqu’un mais oui Zidane, il a une aura et Paul Pogba aussi d’ailleurs et on a eu la chance d’échanger avec tout ce monde là.
Mélo : Quand on était chez Adidas, on a eu la chance de voir du beau monde. On les voyait en privé et on pouvait échanger avec eux. Je suis allée au Japon avec Sean Garnier et on a joué avec les plus grands comme Benzema par exemple. On voit souvent des grands footballeurs mais c’est pas le premier souvenir qui me vient à l’esprit.
Aujourd’hui, vous vivez plus de votre art ou en tant qu’influenceur ?
Mélo : Je déteste qu’on dise que je suis influenceuse. Je préfère parler de créatrice de contenus. Influenceur, c’est faire de la pub pour des marques tout le temps et moi, j’en fait pas plus de cinq par an. Je crée du contenu et je ne suis pas payée pour le faire, je le fais par plaisir. Et ça prend énormément de temps à coté des entrainements avec le tournage, et parfois, on n’y arrive pas du premier coup. Quand on va à Dubaï avec Andréas pour réaliser une vidéo, il arrive qu’on mette plus de trois heures. Ensuite faut faire le montage, mettre en ligne, faire la légende… et on n’est pas payé pour ça. Ce qui rempli mon frigo, c’est les prestations, les shows et les tournages de pub pour les marques.
Andréas : Moi aussi, c’est avant tout les spectacles qui me font vivre. À une époque, on était youtubeurs et on gagnait bien notre vie avec les revenus de Youtube mais ça c’est fini. Cette période n’a duré que trois ans. Après on est revenu à l’essence même de ce qu’on sait faire, c’est à dire les spectacles. Et maintenant, mon ambition, c’est plus l’organisation d’évènements et la création de complexes comme là par exemple, je suis en Arabie Saoudite avec Sean. On gère un complexe où je vais être coach pendant trois mois pour former des moniteurs à apprendre le freestyle, le beach soccer et le football. Donc voilà, c’est plus dans ça que je me dirige aujourd’hui. Organisation d’évènements, le partage et la transmission.
Justement, j’allais vous demander vos projets pour 2025 ?
Mélo : là je suis encore dans le flou. J’espère continuer à être debout déjà. J’ai beaucoup de problèmes de dos et de genoux et chaque année, je me dis que ça va aller et là ça va encore à peu près. Donc je continue de m’entrainer et j’ai un projet en tête, mais j’en suis sur qu’à 40 % là. J’aimerais faire un come-back et gagner un dernier championnat du monde. Donc en ce moment, je m’entraine beaucoup et j’ai bien progressé. Mes concurrentes ont entre 16 et 22 ans et moi je vais en avoir 35. Mais comme j’ai gagné les championnats d’Europe l’année dernière, je me dis que c’est possible. Je sais que techniquement, je peux encore en gagner un mais il faut d’abord que je gère mon stress et ma tête. Mon cerveaux ne suit pas toujours quand je fais des compétitions et je suis souvent déçue de m’entrainer aussi durement et réussir des trucs à l’entrainement, rentrer des gestes incroyables et quand je suis sur scène, j’oublie tout ou alors rien ne passe. Parce que je tremble et je stresse donc mon projet c’est de gagner un dernier championnat du monde. Arrêter la compétition sur une victoire.
À part ça, j’aimerais commencer à faire un livre sur ma vie, car apparemment, j’ai eu une histoire assez atypique et plutôt exceptionnelle, que j’ai eu l’occasion de raconter lors de conférences d’ailleurs. J’ai même fait pleurer des gens donc je me dis que je pourrais en faire un livre autobiographique et pourquoi pas un film documentaire.
Vous pensez déjà à votre reconversion ? Après le foot freestyle, vous ferez quoi ?
Mélo : Moi non, pas encore. Mais ça ne me fait pas peur de travailler et d’être dans un bureau huit heures par jour. J’ai travaillé au Five de 2012 à 2014 pendant que je faisais du foot freestyle, j’étais responsable de terrain et je gérais le bar pendant ces deux ans. J’avais un CDI et je travaillais comme tout le monde. Je connais le monde du travail et si j’ai pas le choix, je retournerais travailler huit heures par jour, ça ne me dérange pas.
Andréas : Moi, pour le coup, j’ai jamais travaillé de ma vie ! J’ai jamais cherché un travail, ni même un show. Et pour moi, la reconversion, elle est toute faite. Comme je l’ai dis tout à l’heure, c’est l’organisation d’évènements liés à la jeunesse, susciter des vocations et permettre aux jeunes de sortir de leur quotidien. Les faire voyager surtout car il n’y a rien de mieux pour l’ouverture d’esprit que les voyages et le partage. Si les gens disent aujourd’hui que je suis chill et calme, c’est principalement parce que j’ai voyagé aux quatre coins du globe.
Mélo : Oui mais moi aussi j’ai beaucoup voyagé !
Andréas : On n’a pas voyagé pareil. T’as pas fait un mois en Inde, toi ! Dans la pauvreté de ouf.
Mélo : J’ai passé deux mois et demi dans les favelas de Jakarta quand même !
Andréas : Oui j’étais là, je men souviens, même si je suis resté moins longtemps que toi.
Mélo : On dormait dans un hôtel cinq étoiles et des enfants vivaient dehors, ça m’a touchée. Mais c’est pas une raison pour enlever mon stress.
Andréas : Mais ça t’as quand même fait relativiser et ça aurait peut-être été pire si t’étais pas allée la-bas.
Mélo : Je me souviens aussi des bidonvilles de Côte d’Ivoire. J’avais demandé à mon chauffeur quel était le monument le plus connu à Abidjan et il m’a répondu qu’il n’y avait rien de tout ça ici. Il n’y a que des bidonvilles. Donc je lui ai demandé de m’y conduire mais il a refusé car ça craint trop. J’ai insisté en lui disant que lui, il les connaissait et que ça irait. Moi, je voulais voir les enfants et jouer avec eux. Donc finalement il a accepté et m’a emmené la-bas. En arrivant dans le bidonville, une association caritative était déjà sur place et s’occupait des enfants qui vivaient dans des maisons en tôle. Ils n’avaient pas de chaussure et que des vêtements déchirés. Ensuite, j’ai commencé à faire quelques tricks à l’intérieur du bidonville et les enfants se sont mis autour de moi et j’ai porté une petite fille en faisant tourner le ballon sur un stylo qu’elle tenait. En mode Roi Lion et cette vidéo a fait le tour du monde, ça a buzzé pendant plus d’un an, c’était fou. Partagé par des associations et l’Unesco et tout ça. T’as des gamins aujourd’hui, ils ont dix ans et se plaignent parce qu’ils n’ont pas la dernière Playstation et eux ne se plaignaient pas alors qu’ils n’avaient même pas de chaussures.
Un conseil à celles et ceux qui souhaitent débuter le foot freestyle ?
Andréas : Avant tout, il faut être passionné par ce qu’on fait. Sinon, vous allez lâcher l’affaire. Moi, ça fait plus de vingt ans que je suis dans ce milieu là et j’ai toujours la même passion et de l’ambition. Je suis motivé tout le temps. Que ce soit pour un show en Poitou-Charente ou en Arabie Saoudite avec Benzema, c’est pareil. Donc si c’est votre passion, allez-y à fond. Mais si vous faites ça pour les réseaux sociaux ou autre, ça ne va pas marcher. Ensuite, de la persévérance. C’est ballot de dire ça mais si vous avez un objectif, il ne faut pas lâcher et persévérer. Et c’est pas grave si vous loupez, si vous n’y arrivez pas, si vous tombez. Vous vous relevez et vous faites en sorte de réussir. Le freestyle ça t’apprend ça. Au début t’es nul, tu sais rien faire et à force d’essayer, tu vas réussir. Les échecs vont te faire apprendre à réussir. Tu prendras conscience de la raison et tu t’en serviras ensuite.
Mélo : On donne des cours aux enfants et souvent, ils disent que c’est facile de faire un « tour du monde » par exemple mais quand ils essayent, ils n’y arrivent pas. Le gamin s’énerve et je lui dit que moi, avant de maitriser le « tour du monde », j’ai mis trois ou quatre mois. Et je l’ai travaillé tous les jours. Chaque geste prend énormément de temps. Il y a des tricks que j’ai appris en 2010 mais que je ne maitrise toujours pas aujourd’hui. Il a des morphologies qui ne font pas beaucoup progresser, c’est comme ça. Et d’autres, c’est l’inverse. La dernière championne du monde n’a que 17 ans et elle a commencé le foot freestyle pendant le confinement, en 2020. Elle a déjà gagné deux fois le championnat du monde à son âge alors qu’elle vient juste de débuter. Ça dépend de chacun. Et passer quatre à six heures par jour dans une salle à t’entrainer si t’as pas la passion, ce n’est pas possible.
Des gens à remercier ?
Mélo : Je remercie Andréas !
Andréas : moi, j’ai trop de gens à remercier !
Mélo : Oui, il y a trop de monde, mais on peut se remercier entre nous car Andréas m’a beaucoup apporté quand j’ai commencé le freestyle.
Andréas : On remercie évidemment tous les clients, les enfants et les jeunes qui font des tricks de fou. Merci aussi à FAS Events bien sur. Il y a quelques années, François avait un concept qui s’appelait Foot All Star et nous, notre ambition était d’organiser un évènement similaire. Et indirectement, quand je dis que je veux me reconvertir comme organisateur d’évènements, je pense à lui. Et François de FAS, comme François de Rstyle sont des personnes que j’estime énormément, qui me passionnent. Et si tu me demandes ce que je voudrais faire plus tard, et bien je veux être comme François.
Mélo : Et d’ailleurs ma toute première compétition était avec FAS Events, c’était à Dreux en Août 2009.
Merci à vous